[Journal non identifié]

 

[Anonyme]

 

 

Il est étrange ce livre luxueusement publié par la librairie de l'art indépendant sous le titre Les Cahiers d'André Walter, œuvre posthume. Cela est inanalysable. D'action il n'y en a point. C'est un livre où chaque jour Walter écrivait ses impressions, ses sentiments, ses réflexions; analyste subtil de son moi, affamé d'une foi qu'il n'a pas, anatomisant ce qu'il appelle son âme immatérielle Walter souffre et meurt jeune d'une fièvre cérébrale. Il serait certainement devenu complètement fou s'il eut vécu.

Il y a tout dans ces Cahiers, des pensées profondes, des passages qui n'ont aucun sens, de la prose rythmée, des critiques littéraires et artistiques, des vers d'une magnifique poésie et d'autres incompréhensibles.

Citons quelques-unes des pensées émises par M. Walter :

« L'âme oubliera ses douleurs propres en cessant de se contempler seule... Que tout me soit une éducation... Mais laissez les donc croire: de quel droit leur arracher les félicités de la foi ? que leur donnerez-vous en échange ? Ils ont cent fois raison, même encore s'ils se trompent. Croire que l'on possède est aussi doux que posséder... La foi serait une duperie: la vérité seule est digne qu'on la croie, même lorsqu'elle serait désespérante,

J'aime mieux souffrir que de ne pas croire, que de croire à un mensonge. »