
La plupart de
ces citations ont été publiées dans différents B.A.A.G (dont
le n° 45, janvier 1980, pp. 107-110).
(Les
Faux Monnayeurs, Romans, p. 1215).
Il
est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant.

Ma
propre position dans le ciel, par rapport au soleil, ne doit pas me
faire trouver l'aurore moins belle.
(Ainsi
soit-il, J II p. 1243, Souvenirs et voyages, p.
1073.)
Familles,
je vous hais ! foyers clos , portes refermées, possessions jalouses
du bonheur.
(Les
Nourritures terrestres, Romans, p. 186).
À
quoi reconnais-tu que le fruit est mûr ? - À ceci, qu'il quitte la
branche.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 261).
Comme
j'irais bien, sans tous ces gens, qui me crient que je vais mal !
(Un
Esprit non prévenu, I, Divers, p. 186.)
La
chose la plus difficile, quand on a commencé d'écrire, c'est d'être
sincère.
(Journal,
31 décembre 1891, p. 145.)
Que
l'importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée.
(Les
Nourritures terrestres, Romans, p. 155.)
Fais
ton bonheur d'augmenter celui de tous.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 299.)
Mon
esprit est avant tout ordonnateur. Mais mon coeur souffre de laisser
rien à la porte.
(Un
Esprit non prévenu, I, Divers, p. 59.)
Comme
Chopin par les sons, il faut se laisser guider par les mots.
(Caractères,
Divers, p. 17.)
Pour
bien juger, il faut s'éloigner un peu de ce que l'on juge, après l'avoir
aimé Cela est vrai des pays, des êtres et de soi même.
(Caractères,
Divers, p. 31.)
La
nécessité de l'option me fut toujours intolérable, choisir m'apparaissait
non tant élire, que repousser ce que je n'élisais pas.
(Les
Nourritures Terrestres, Romans, p. 183.)
Un
bonheur fait d'erreur et d'ignorance, je n'en veux pas.
(Oedipe,
Théâtre p. 293.)
Connais
toi toi même. Maxime aussi pernicieuse que laide. Quiconque s'observe
arrête son développement.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 285.)
C'est
mon enfance solitaire et rechignée qui m'a fait ce que je suis. (Journal,
10 juin 1891, p. 131)
La
mélancolie n'est que de la ferveur retombée.
(Les
Nourritures Terrestres, Romans, p. 157.)
Les
rapports de l'homme avec Dieu m'ont de tout temps paru beaucoup plus
importants et intéressants que les rapports des hommes entre eux.
(Ainsi
soit-il, J II p. 1175, Souvenirs et voyages, p.
1005-1006.)
C'est
du point de vue de l'art qu'il sied de juger ce que je j'écris [...]
C'est du reste le seul point de vue qui ne soit exclusif d'aucun des
autres.
(Journal
13 octobre 1918, p. 1072.)
Ce
n'est pas seulement le monde qu'il s'agit de changer , mais l'homme.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 292.)
On
appelle joie cet état de l'être qui n'a besoin de rien pour se sentir
heureux.
(Un
Esprit non prévenu, I, Divers, p. 67.)
Dieu,
disait Ménalque, c'est ce qui est devant nous.
(Les
Nourritures Terrestres, Romans, p. 155.)
L'exigence
de mon oreille, jusqu'à ces dernières années, était telle, que j'aurais
plié la signification d'une phrase à son nombre.
(Journal,
23 février 1923, p. 1207.)
Je
parviens bien difficilement, bien rarement, à avoir le même âge tous
les jours.
(Ainsi
soit-il, J II p. 1203, Souvenirs et voyages, p.
1031.)
Savoir
se libérer n'est rien , l'ardu, c'est savoir être libre.
(L'Immoraliste,
Romans, p. 372.)
Que
mon livre t'enseigne à t'intéresser plus à toi qu'à lui même, - puis
à tout le reste plus qu'à toi.
(Les
Nourritures Terrestres, Romans, p. 153.)
Toutes
choses sont dites déjà, mais comme personne n'écoute, il faut toujours
recommencer.
(Le
Traité du Narcisse, Romans, p. 3.)
Je
n'ai jamais bramé pour personne.
(Ainsi
soit-il, J II p. 12, Souvenirs et voyages, p.
1070.)
Il
est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 288.)
Que
ta vision soit à chaque instant nouvelle. Le sage est celui qui
s'étonne de tout.
(Les
Nourritures Terrestres, Romans, p. 162.)
Attendons
de partout la révélation des choses ; -- du public, la révélation
de nos oeuvres.
(Paludes,
Romans, p. 89).
Je
sens en moi, certains jours, un tel envahissement du mal, qu'il me
semble déjà que le mauvais prince y procède à un établissement de
l'Enfer.
(Journal
des Faux Monnayeurs, « Identification du Démon »,
éd. 1927, p. 144).
Un
personnage ne m'intéresse jamais tant que lorsqu'il est créé tout
entier, comme Ève, de la chair même de l'auteur; non point tant observé
qu'inventé.
(Divers,
lettre à Ch. Du Bos, automne 1920, p. 130).
Un
grand homme n'a qu'un souci devenir le plus humain possible,-- disons
mieux devenir banal.
(Prétextes,
« De l'influence en littérature », éd. 1963, p. 15).
J'ai
connu ce destin bizarre (peut-être unique) d'être magnifié par l'attaque
avant de l'avoir été par l'éloge.
(Correspondance
avec A. Rouveyre, 31 octobre 1924, p. 84).
Je
tiens que la meilleure explication d'une oeuvre ce doit être l'oeuvre
suivante.
(Lettre
à Jean Cocteau, sans date, Incidences, éd. 1951, p. 66).
Il
faut porter jusqu'à la fin toutes les idées qu'on soulève.
(Paludes,
« Dimanche », Romans p. 143).
Dans
un monde où chacun se grime, c'est le visage nu qui paraît fardé.
(Divers,
lettre à X, 1928, p. 203).
Dans
l'oeuvre d'art [..], Dieu propose et l'homme dispose.
(Prétextes,
« Limites de l'Art », éd 1963, p. 26).
Je
ne puis admirer pleinement le courage de celui qui méprise la vie.
(Journal
des Faux Monnayeurs, II, éd. 1927, p. 80).
Nous
ne valons que par ce qui nous distingue des autres ; l'idiosyncrasie
est notre maladie de valeur.
(Paludes,
« Le Banquet », Romans, p. 120).
Je
crois maladroit, improfitable, ininstructif de se mettre uniquement
sur le plan du bien et du mal pour juger les actions
humaines, ou plus exactement, pour en apprécier la valeur.
(Divers,
lettre à M. Belgion, 22 novembre 1929, p. 207).
Du
jour où je parvins à me persuader que je n'avais pas besoin d'être
heureux, commença d'habiter en moi le bonheur.
(Les
Nouvelles Nourritures, I, 1, Romans, p. 258).
Le
propre du diable dont le motif d'introduction est : « Pourquoi
me craindrais tu ? Tu sais bien que je n'existe pas. »
(Journal
des Faux-Monnayeurs, I, éd. 1927, p. 39).
Aucunes
choses ne méritent de détourner notre route ; embrassons-les
toutes en passant ; mais notre but est plus loin qu'elles.
(La
Tentative amoureuse, Romans, p. 84-85).
J'aimerais
mieux marcher aujourd'hui sur les mains, plutôt que de marcher
sur les pieds -- comme hier !
(Paludes,
« Le Banquet », Romans, p. 122).
Le
secret du grand romancier n'est pas dans la domination des situations,
mais bien dans la multiplicité de ses possibilités, de ses complicités
intimes.
(Divers,
lettre à Ch. Du Bos, automne 1920, pp. 131-132).
C'est
parce que tu diffères de moi que je t'aime ; je n'aime en toi
que ce qui diffère de moi.
(Les
Nourritures terrestres, «Envoi», Romans, p. 248).
Chaque
être ne comprend vraiment en autrui que les sentiments qu'il est capable
lui même de fournir.
(Journal
des Faux-Monnayeurs, II, éd. 1927, p. 67).
Quand
un philosophe vous répond, on ne comprend plus du tout ce qu'on lui
avait demandé.
(Paludes,
« Le Banquet », Romans, p. 115-116).
Supprimer
en soi l'idée de mérite ; il y a là un grand achoppement
pour l'esprit.
(Les
Nourritures terrestres, I, 1, Romans, p. 154).
Ce
qui échappe à la logique est le plus précieux de nous-même.
(Journal,
juin 1927, t. II, éd. 1996, p. 37).
Les
bourgeois honnêtes ne comprennent pas qu'on puisse être honnête autrement
qu'eux.
(Les
Faux-Monnayeurs, Romans, p. 954).
Inquiéter,
tel est mon rôle.
(Journal
des Faux-Monnayeurs, II, éd. 1927, p. 111).
Supprimer
en soi le dialogue, c'est proprement arrêter le développement de la
vie. Tout aboutit à l'harmonie.
(Journal,
juin 1927, t. II, éd. 1996, p. 37).
L'important
n'est pas tant d'être franc que de permettre à l'autre de l'être.
(Les
Faux-Monnayeurs, Romans, p. 1006).
Les
plus douteux égarements de la chair m'ont laissé l'âme plus tranquille
que la moindre incorrection de mon esprit.
(Journal
des Faux-Monnayeurs, II, éd. 1927, p. 56).
Ce
qu'on appelle un « esprit faux » [...] -- eh bien !
je m'en vais vous le dire : c'est celui qui éprouve le besoin
de se persuader qu'il a raison de commettre tous les actes qu'il a
envie de commettre ; celui qui met sa raison au service de ses
instincts, de ses intérêts, ce qui est pire, ou de son tempérament.
(Journal
des Faux Monnayeurs, II, éd. 1927, pp. 58-59).
À
mesure qu'une âme s'enfonce dans la dévotion, elle perd le sens, le
goût, le besoin, l'amour de la réalité.
(Les
Faux Monnayeurs, Romans, p. 1016).
Ce
sont nos larmes seulement qui font germer autour de nous les tristesses.
(La
Tentative amoureuse, Romans, p. 85).
Du
rassasiement des désirs peut naître, accompagnant la joie et comme
s'abritant derrière elle, une sorte de désespoir.
(Les
Faux-Monnayeurs, Romans, p. 982).
Je
n'aime pas les hommes , j'aime ce qui les dévore.
(Le
Promethée mal enchaîné, Romans, p. 322.)
En
vérité, le bonheur qui prend élan sur la misère, je n'en veux pas.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 268).
Formes
diverses de la vie, toutes vous me parûtes belles.
(Les
Nourritures terrestres, Romans, p. 158.)
Jamais
un homme, je ne serai qu'un enfant vieilli. Je vis avec l'inconséquence
d'un poète lyrique.
(Journal,
15 mai 1906,p. 535.)
Ne
souhaite pas, Nathanaël, trouver Dieu ailleurs que partout.
(Les
Nourritures terrestres, Romans, p. 154.)
Comédien
? peut-être, mais c'est moi-même que je joue.
(Cahiers
d'André Walter, «Le Cahier blanc», ed 1952, p. 61.)
Les
choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu'écrit
la raison.
(Journal,
fin septembre 1894, p. 178.)
Ne
sacrifie pas aux idoles.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 300.)
Je
sens en moi l'impérieuse obligation d'être heureux.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 269.)
Ce
qui nous touche de trop près n'est jamais de conquête bien profitable.
(Oedipe,
Théâtre p. 282.)
Ne
laisse plus le poids du plus léger passé t'asservir.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 255.)
Il
n'y a pas de problème, il n'y a que des solutions. L'esprit de l'homme
invente ensuite le problème.
«feuillets
d'automne» dans Journal fin 1947, p. 1043.)
Les
Mémoires ne sont jamais qu'à demi sincères, si grand que soit le souci
de vérité tout est toujours plus compliqué qu'on ne le dit. Peut-être
même approche-t-on de plus près la vérité dans le roman.
Si
le grain ne meurt dans Souvenirs et voyages, p. 267.
C'est
vers la volupté que s'efforce toute la nature.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 280.)
L'art
naît de contrainte, vit de lutte, meurt de liberté.
(Prétextes,
«L'Évolution du théâtre», Essais critiques, p. 437.
Assumer
le plus possible d'humanité, voilà la bonne formule.
(Les
Nourritures Terrestres, Romans, p. 158.)
Chaque
animal n'est qu'un paquet de joie.
(Les
Nouvelles Nourritures, Romans, p. 254.)
La
perfection classique implique, non point certes une suppression de
l'individu (peu s'en faut que je ne dise : au contraire), mais la
soumission de l'individu, sa subordination, et celle du mot dans la
phrase, de la phrase dans la page, de la page dans l'oeuvre. C'est
la mise en évidence d'une hiérarchie.
(«Réponse
a une enquête de la Renaissance sur le Romantisme et le Classicisme»
reprise dans Incidences, Essais Critiques, p. 279).
L'oeuvre
classique ne sera forte et belle qu'en raison de son romantisme dompté.
(Incidences,
Essais Critiques, p. 281).
J'ai
souvent pensé [...] qu'en art, et en littérature en particulier, ceux-là
seuls comptent qui se lancent vers l'inconnu. On ne découvre pas de
terre nouvelle sans consentir à perdre de vue, d'abord et longtemps,
tout rivage. Mais nos écrivains craignent le large; ce ne sont que
des côtoyeurs.
(Les
Faux-Monnayeurs, Romans, p.1214.)
J'ai
si grand'peur, et il me déplairait tant, de laisser la passion incliner
ma pensée, que c'est souvent au moment qu'il me veut le plus de mal
que je suis tenté de dire le plus de bien de quelqu'un.
(Journal
des Faux-Monnayeurs, II, éd. 1927, p. 85)
Car
sache que, dans les Enfers, il n'est pas d'autre châtiment que de
recommencer toujours le geste inachevé de la vie.
(Thésée,
Romans, p. 1243.)
Pas plus que de considérer la jeunesse seulement comme une promesse, sied-il de ne voir dans la vieillesse qu'un déclin. Chaque âge est capable d'une perfection particulière.
(Journal, 29 janvier 1929, II, éd. 1996, p. 116).
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