Gazette de Lausanne

 

J.-Ed. D. [pour Édouard-Joseph Ducret ou pour Edmond-Jules Duplain ?]

31 août 1914

 

 

 

Je connaissais, de M. André Gide, Souvenirs de la Cour d'Assises où je l’ai vu, juré perspicace et ému, indiquer du bout d’une plume à la fois ironique et bienveillante nombre des vices à corriger dans l’administration de la justice en France, et sa traduction de l’Offrande lyrique, de Rabindranath Tagore, où nous fut révélé ce lauréat inattendu, dont le panthéisme et débordant, laisse en dépit de nous son alluvion au fond de notre âme. Le volume que voici – à défaut de ceux dont je n’ai lu que le titre – transporte dans un monde de mi-rêve et de mi-réalité où des personnages représentatifs, fabriqués, dirait-on par moments, aux moules de Rabelais et de Le Sage, agissent et parlent avec un désordre apparent sous lequel se faufile une raison inquiétante. Ce livre ne s'analyse pas. Ses auteurs [sic] y passent de l'athéisme à la foi la plus sotte et la plus intéressée pour revenir à la négation qui est au fond de leur être. […] Enfin l'ensemble se greffe sur la plus pyramidale des mystifications qui devient pour des gens un motif d'entreprendre des choses directement contraires à ce qu'on devrait attendre. Les Caves du Vatican prendront place quelque jour entre Gargantua et Gil Blas de Santillane.

Numérisation : Peter Schnyder, pour Gidiana, février 2001.

 

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