Les Hommes du Jour

Frédéric LEFEVRE

[Fin 1922 - début 1923 ?]

 

"Les Caves du Vatican ou André Gide s'amuse"

[…] Il y a des gens qui n'aiment pas André Gide ; d'autres qui le comprennent peu ; tous doivent lire Les Caves du Vatican où pour son propre plaisir, tout d'abord, André Gide s'est amusé à sauter par-dessus André Gide.

Ce livre (qui parut avant la guerre dans la NRF, puis en édition de luxe à tirage restreint, vient d'être réédité en édition populaire) vous causera une heureuse surprise ; vous découvrirez un André Gide qui a jeté son bonnet par-dessus les moulins et qui, fou de joie d'avoir retrouvé ses vingt-cinq ans, malin comme un singe, habile aux plus imprévues pirouettes, ne se refuse pas à des polissonneries gamines où il s'amuse à faire coucher dans de vilains draps des moines et des curés, un cardinal même et où le pape en personne n'est guère respecté…

[…] Les Caves du Vatican – le dirons-nous assez – sont un amusement et une gageure. D'aucuns affirmaient qu'André Gide était un auteur constipé et un moraliste un peu terne…

Il a voulu leur prouver le contraire en écrivant ce roman un peu feuilletonesque et agréablement cynique.

[…] Et maintenant, n'attendez pas que je vous narre par le menu l'histoire d'Anthime Armand-Dubois, franc-maçon que la vierge vint une nuit convertir, lui accordant ainsi les mêmes faveurs qu'à un autre contemporain notoire, Cyprien-Max Jacob.

[… On pourrait voir,] dans le portrait de Lafcadio Wluiki, la satire de l'Immoraliste lui-même, puisqu'on peut craindre aux dernières pages du livre que l'amour de Geneviève de Baraglioul ne ramène le jeune aventurier dans les sentiers de l'ordre et de la vertu.

[…] Les Caves du Vatican, où M. André Gide se moque de tout et d'abord de lui-même, où il ridiculise tout depuis la liberté humaine jusqu'au roman-feuilleton, est, sous des dehors "bon enfant", une œuvre destructive au premier chef – et ceci n'est pas pour nous déplaire.

 

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