Notes de l'article de J. Van Tuyl sur El Hadj
1. Vincent Kaufmann, Introduction, Revue
des sciences humaines, 214, 1989, p. 8.
2. André Gide, Romans, récits et soties, oeuvres
lyriques, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,
1958, p. 397. Les citations suivantes extraites de cette oeuvre
seront indiquées par un numéro de page entre parenthèses.
3. Gide a composé un El Hadj ou le traité
du faux prophète pendant l'été 1896,
alors qu'il travaillait aux Nourritures terrestres. Ce
traité apparu pour la première fois en
1896 dans le deuxième et dernier volume du Centaure,
un périodique de courte existence, dont les jeunes contributeurs
réagissaient contre « la lassitude du décor
où se meuvent certains de nos symbolistes »
(Claude Martin, La maturité d'André Gide,
Paris, Klincksieck, 1977, pp. 135, 139). Germaine Brée
décrit El Hadj comme « une oeuvre de
transition [] à mi -- chemin entre les traités
symboliques et le 'récit' » (Germaine Brée,
André Gide : l'insaisissable Protée, Paris,
Société d'édition « Les Belles
Lettres », 1970, p. 97). En effet, ce court texte
marque une étape importante dans l'évolution stylistique
de Gide et dans le développement de thèmes qui
réapparaissent tout au long de son oeuvre.
4. Saussure définit ainsi le signe : « Nous
appelons signe la combinaison du concept et de l'image
acoustique []. Nous proposons de conserver le mot signe pour
désigner le total, et de remplacer concept et image acoustique
respectivement par signifié et signifiant. »
(Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale,
ed. Tullio de Mauro, Paris, Payot, 1983, p. 99).
5. Cette façon de nommer ce qui est
perdu évoque, bien sûr, l'énonciation de
Lacan de l'entrée dans l'ordre symbolique.
6. Saïd Benmerad et Simone Rezzoug expliquent l'étymologie
suggestive du nom de cette ville : « la ville d'origine
de ce peuple [] a pour nom Bab el Khour, la porte du marais »
(Saïd Benmerad et Simone Rezzoug, « Le désert
inversé », Bulletin des Amis d'André
Gide, 102, 1994, pp. 227-23, voir p. 230). Dans le contexte
de l'oeuvre d'André Gide, le départ de cette « porte
du marais » -- et le retour qu'il entraîne --
symbolisent peut-être une rupture à moitié
fructueuse avec Paludes, la satire du symbolisme qu'écrivit
Gide en 1895. 7. Pierre Masson, « Le voyageur et ses
bagages ou des travaux d'André Gide considérés
comme aboutissement d'un genre », Littératures,
5, 1982, pp. 53-73, voir p. 53.
8. Tzvetan Todorov explique la terminologie qui distingue les
événements de la narration : « les Formalistes
russes [...] distinguaient [] la fable et le sujet d'un récit
: la fable, c'est ce qui s'est passé dans la vie, le
sujet, la manière dont l'auteur nous le présente.
La première notion correspond à la réalité
évoquée, à des événements
semblables à ceux qui se déroulent dans notre
vie ; la seconde, au livre lui-même, au récit,
aux procédés littéraires dont se sert l'auteur ».
En français, fabula est souvent traduit par « histoire »,
sujet par « récit » ou « discours »
(Tzvetan Todorov, « Typologie du roman policier »,
dans sa Poétique de la prose, Paris, Editions
du Seuil, 1971, p. 58).
9. A certains égards, ce deuxième voyage possible
annonce le départ du frère cadet dans Le Retour
de l'enfant prodigue.
10. Benmerad et Rezzoug soulignent que cette
« exergue [] empruntée au Coran [] est faussée
par la transcription de 'Seigneur' en 'prince' » (Benmerad
et Rezzoug, op. cit., p. 229).
11. La Bible de Jérusalem, Paris, Desclée de
Brouwer, 1975, p. 1484.
12. Daniel Oster, « Teste Voyage », Revue
des sciences humaines, 214, 1989, pp. 109-122, voir p. 115.
13. Ce passage, comme plusieurs autres fragments dans El
Hadj, apparaît sous une forme légèrement
altérée dans le Septième livre -- le livre
du « désert » -- des Nourritures
terrestres : « Les flots sont moins bleus que
les sables ; ils étaient plus lumineux que le ciel »
(p. 240).
14. Pierre Masson, André Gide : Voyage et écriture,
Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1983, p. 397.
15. El Hadj reprend de façon
très nette la tradition inaugurée par le poème
« le Voyage » de Baudelaire, dans lequel
on trouve le topos de l'horizon de même que des interrogations
sur ce qu'ont vu les voyageurs :
Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez -- nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers
Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons
Passer sur nos esprits, tendus comme une voile
Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.
Dites, qu'avez-vous vu ?
(Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris, Garnier
Frères, 1961, pp. 156-157.)
16. La tradition protestante du pasteur est, bien sûr,
fréquemment présente dans les écrits de
Gide ; El Hadj en tant que meneur religieux participe évidemment
de cette tradition.
17. Michael Riffaterre, Semiotics of Poetry, Bloomington,
Indiana University Press, 1978, p. 19.
18. Paul Claudel, lettre à André Gide, 28 août
1899, Paul Claudel et André Gide : Correspondance
1899-1926, ed. Robert Mallet, Paris, Gallimard, 1949, p.
45.
19. Riffaterre, op. cit., p. 19.
20. Paul de Man, « Hypogram and
Inscription », dans sa Resistance to Theory,
Minneapolis, University of Minessota Press, 1986, p. 38.
21. Dans son ¦uvre autobiographique Si le grain ne meurt,
Gide a recours a une terminologie géographique pour se
décrire comme un croisement où plusieurs influences
opposées se croisent : « Rien de plus différent
que ces deux familles ; rien de plus différent que ces
deux provinces de France, qui conjuguent en moi leurs contradictoires
influences. Souvent je me suis persuadé que j'avais été
contraint à l'¦uvre d'art, parce que je ne pouvais réaliser
que par elle l'accord de ces éléments trop divers. »
(Andre Gide, Journal, (1939-1949). Souvenirs, Paris,
Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1954, p.
358.)
22. De Man, op. cit., p. 44.
23. Loc. cit.
24. Loc. cit.
25. Yvonne Davet, Notice dans Gide, Romans,
récits et soties, pp. 1504-1510, p. 1505.
26. Masson, André Gide : Voyage et écriture,
p. 220.
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