Charivari
31 septembre 1906 Louis Thomas
Amyntas (Mercure de France). Ces notes de voyage sur l'Algérie,
la Tunisie et le Sahara sont, dans leur apparente simplicité, extrêmement
savoureuses. C'est la sensation, toute nue, directe et sans aucun mélange
de passé qui la déforme : « Si le geste insoucieux cueille chaque instant sans poursuite, l'instant inépuisablement
se répète ; l'heure redit l'heure et le jour la journée. » Peut-être que ma manie d'intellectualisme
se refuse à suivre jusqu'au bout cette chair qui veut oublier tout dans
le délice du moment ; peut-être que la santé consiste à s'accorder
au monde qui nous entoure, et que le goût des voyages marque une faiblesse
dont je suis exempt, vivant très bien en quelque lieu que le hasard
me pose ; peut-être... mais peut-être aussi que cela diffère seulement
de moi-même, qui ne suis qu'un maladroit à côté d'un artiste aussi
subtilement précis. (Comme ce discours est d'un faible intérêt !
Ce parallèle ne rime à rien. Il suffirait de dire : « Je
suis rempli d'un grand étonnement à voir des choses dont je me sens
incapable. ») Ce livre ne peut être apprécié que
par des personnes très sensibles. Il est d'une matière délicate et
précieuse. Peut-être qu'en écrivant ces lignes je voulus un peu trop
raisonner : il faut goûter les choses exquises, mais non les discuter.
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