La Nouvelle Journée
1er novembre 1920 Paul Maubert
Voici un livre sobre, un livre
plein de renoncement et comme de pauvreté volontaire... Le style s'y
est fait nu pour suivre partout l'analyse des sentiments, pour ne pas
les laisser échapper dans leurs « feintes »... Voici un art caché, un art raffiné,
qui ne se révèle pas aux superbes, mais aux pénétrants. Tout y est
mesure : l'émotion reste contenue, la discrétion règne dans le
pathétique comme dans le pittoresque. Voici un art subtil et nuancé (étroitement
apparenté à celui de Racine, à celui de Debussy), qui suggère plus
encore qu'il n'exprime, qui exige impérieusement un lecteur intuitif.
Voici un art austère, sans concessions aux sens (pas toujours…), ni à la
concupiscence des yeux. A d'autres les orgies de la couleur :
rien ici qui accroche le regard, mais une lumière atténuée où les plans
se dessinent dans un relief net et sans brutalité. Sur ce fond un peu
neutre, avec quelle délicate vigueur se détachent les attitudes psychologiques !
Voici un art exquis, de précision sans sécheresse. La Symphonie pastorale est essentiellement un
drame chargé de peu de matière et purement intérieur, suivant la formule
de la préface de Bérénice. Le côté pittoresque et descriptif
est, non pas sacrifié, mais nettement subordonné, comme il convient à un
roman psychologique où rien ne doit distraire l'attention du spectacle
intérieur. Cet ascète de Gide se garde de la séduction du pittoresque,
qui ferait comme une « concurrence » à la vie intérieure
du drame.
Un pasteur des environs de la Chaux-de-Fonds — marié et
père de cinq enfants, — arrivé à cet âge où nous guette « le démon
de midi », recueille une jeune aveugle à moitié idiote. (Le chapitre
de la « queste » de Gertrude, qui commence le récit, s'ouvre
sur une impression de mystère qui nous fait évoquer Le Grand Meaulnes partant à la
recherche du sentier perdu.) Il l'installe à son foyer ; il éveille
peu à peu son âme « emmurée ». Puis — comme le diable, ainsi
que nous l'apprend l'Écriture, parfois se transforme pour nous séduire
en ange de lumière — voici qu'il s'éprend d'elle… et qu'il est payé de
retour. Mais après la guérison de l'esprit s’opère celle du corps ;
Gertrude recouvre la vue. En même temps elle complète son instruction
religieuse. Et c'est « le voile du bonheur » qui se
déchire : car, en même temps qu'elle prend conscience de son péché,
Gertrude s'aperçoit que ce n'est pas le pasteur qu'elle aime, mais
son fils Jacques. Ce dernier, brusquement éclairé par l'aberration
paternelle, se convertit au catholicisme et entre dans les ordres.
Gertrude se noie. Et le pasteur s'agenouille, « le cœur plus
aride que le désert ». L'évolution des sentiments — et
des idées — du pasteur ; le développement de sa passion qui s'ignore,
mais qui éclate aux yeux de sa famille comme à ceux du lecteur ;
l'acheminement vers le terrible réveil, vers le dessillement de ce
grand aveugle du cœur : c'est toute la progression de l'action,
c'est tout le sujet du roman. Cœur naïf et secrètement exalté, âme
religieuse et tendre, imagination passionnée, ne sachant pas réprimer « les élans
inconsidérés de son zèle », et manquant d'ailleurs de sens pratique,
le pasteur est la proie toute désignée de l'insidieuse tentation. Quelle
tâche semble s'offrir à lui, de sauver, de ressusciter une âme ensevelie
dans un « corps opaque » ! Tout en lui est sollicité :
l'ambition apostolique, le besoin d'épanchement, la pitié humaine,
la charité. Mais immédiatement se révèle à nous la confusion tragique
qu'il opère entre l'amour de charité et l'amour humain. Car déjà germe
en lui la semence de cette ivraie. Cet amour a commencé par l'imagination
(oh ! cette habileté de Gide, cet art des préparations, et du
plus loin !) et certaines notations, dès le début du livre, suggèrent
obscurément l'existence en lui d'un attrait physique ignoré. Dans son
pharisaïsme candide, il se persuade que c'est Amélie, sa femme (un
caractère qu'il serait bien intéressant d'étudier un peu à fond), qui
d'abord lui a suggéré l'idée d'installer Gertrude au foyer familial,
alors qu'en fait il n'a obéi qu'à la suggestion d'un profond désir
inconscient. Au surplus, ses grandes ardeurs sont promptement suivies
de dégoûts : notons-le en passant, l'amour connaît les dégoûts
et les sécheresses, mais la charité les connaît-elle ? D'ailleurs, ce cœur tendre, inaverti
des choses de la passion et des secrets retours de la recherche de
nous-mêmes, est bien obligé de s'avouer que « les mouvements de
la nature ont autant de part dans ses déterminations que ceux de la
grâce ». Ses mobiles ne sont donc pas tous de
l'ordre de la charité, pour parler comme Pascal... Il lui échappe un
aveu, dépouillé d'artifice ; sa « profonde déception » des
premiers jours, car il s'était fait « tout un roman de l'éducation
de Gertrude » ! (Sa charité — qui en a déjà les dégoûts et
les sécheresses — a maintenant les caprices de l'amour.) Enfin, il
nous fait en toute inconscience une confession plus décisive encore : « De
même que l'amour répond à l'amour, je sentais un sentiment d'aversion
m'envahir, devant le refus obstiné de celte âme ». Quelle synthèse,
quel raccourci dans cette phrase audacieuse, qui jette une si vive
lueur sur l'état psychologique du narrateur en même temps qu'elle souligne
son aveuglement ! Car vous entendez bien que ce n'est pas ici
l'apôtre qui gémit du « refus obstiné de cette âme » !
Pasteur, c'est votre volupté que vous recherchez ; ce n'est pas
cette charité dont saint Paul dit qu'elle ne se recherche jamais ! Le temps fait son œuvre. Le pasteur
oublie de plus en plus ses devoirs d’époux et de père pour ne se consacrer
qu’à la brebis égarée. Celle-ci devient vite la brebis retrouvée. Avec
quel orgueil ingénu notre petit pasteur chaudefonnier se compare au Bon Pasteur ! « Oui,
je le dis en vérité : jamais sourire d'aucun de mes enfants ne
m’a inondé le cœur d'une aussi séraphique joie que fit celui que je
vis poindre sur ce visage de statue certain matin... Alors un tel élan
de reconnaissance me souleva, qu’il me sembla que j'offrais à Dieu
le baiser que je déposai sur ce beau front ». L'exposition est
complète ; l'action est nouée. Mais à mesure que l'évidence de
cet amour naissant nous éblouit davantage, il semble que le pasteur
s'aveugle de plus en plus. Tout le pathétique du roman réside dans
cet « aveuglement » et dans la casuistique dont il enveloppe
le sortilège du désir, dans cette « séduction » d'une âme
inavertie mais sincère... Corruptio optimi pessima ! Mais
voici arriver la grande péripétie. Jacques « commence brusquement à s'intéresser à Gertrude »... et voici que Gertrude soudain fait « de sensibles progrès ».
Ce zèle réciproque ne paraît pas d'abord inquiéter le pasteur. Pourtant,
c'est à peu près vers ce temps que la jalousie va naître en lui. Quand Gertrude, à brûle-pourpoint,
lui demande si elle est jolie, il reste tout interloqué. A-t-il peur
de voir clair en lui-même, ou craint-il, devant « l'indéniable
beauté » de la jeune fille, que soit un jour menacé son « accaparement » de
cet hortus conclusus, de ce fons signatus ? Car
si Gertrude l'accapare tout entier, il ne l'accapare pas moins lui-même.
Il va jusqu'à la séquestrer moralement ; « soucieux d'accompagner
le plus possible sa pensée, je préférais qu'elle ne lût pas beaucoup — ou
du moins pas beaucoup sans moi — et principalement la Bible, ce qui
peut paraître bien étrange pour un protestant ». (Certes, car
enfin, neque accendunt lucernam, et ponunt eam sub modio... Aime-t-il
mieux que l'âme de Gertrude ne soit pas touchée par la grâce plutôt
que de l'être sans son intermédiaire ? Par quel détour de conscience
en vient-il à redouter le Saint Livre ? Craint-il d'y lire — et
qu'elle-même n'y lise — son jugement et sa condamnation ? Mais
il y reviendra plus loin, et nous aussi.) Il n'y a pas dans son cas que jalousie « spirituelle ».
La scène de l'orgue précipitera l'évolution de son nouveau sentiment
et lui fera sentir la première brusque morsure de la plus humaine jalousie.
Verra-t-il enfin clair ? Sa tristesse, le trouble de ses sentiments,
l'obscure pudeur qui l'empêche d'aborder avec Jacques le sujet qui
le tourmente, puis la véhémence passionnée avec laquelle il s'adresse à son
fils, et son désemparement à mesure que Jacques lui enlève toute raison
de s'indigner, vont-ils lui arracher enfin l'aveu de son « affection
déréglée », pour parler comme l'Imitation ?
Non, pas encore, car il trouve en lui-même « un instinct aussi
sûr que celui de la conscience » pour l'avertir qu’il faut « empêcher
ce mariage à tout prix ». Malgré tout, ce père ne peut s'empêcher
d'être frappé de la pâleur de son fils, brisé par le refus... ou par
ce qu'il vient de lire dans l'âme de son père ! Mais avec un égoïsme
féroce il escamote cette impression : si Jacques se soumet si
facilement, c'est que son amour ne devait pas être bien fort !!
Et reprenant avec un inconscient pharisaïsme sa phraséologie de sermonnaire : « Je
retrouve l'enfant que j'aimais », dit-il doucement en le tirant à lui.
Jacques a saisi toute l'hypocrisie (inconsciente ?) de son père : « Il
y eut de sa part un léger recul, mais je ne voulus pas m'en affecter ».
C'est moi qui souligne, car la responsabilité du père vient
de naître ici. Elle ne fera que s'accroître. En
face des insinuations précises de sa femme, il ne sait, ni ne veut chercher à savoir, ce
qu'elles signifient. Après la naïve déclaration de Gertrude, il feint
de rester persuadé encore qu'il l'aime comme on aime un enfant infirme.
Mais enfin, il faut bien qu'une nuit, en relisant dans son journal
la transcription de certaines paroles d'Amélie et des francs aveux
de Gertrude, il ose « appeler par son nom le sentiment si longtemps
inavoué de son cœur ». Tout d'abord, il a peur de cet
amour. Par prudence, il s'astreint à ne converser avec Gertrude que
pour parfaire son éducation religieuse. Mais là encore le guette le
Malin. Car pour cette instruction notre pasteur relit l'Évangile, et
croit le relire « avec un œil neuf ». Or, ce n'est
pas avec un œil « neuf » (c'est-à-dire avec un œil vierge) ;
c'est avec un œil renouvelé (c'est-à-dire avec un œil changé, et changé parce
que, pour la première fois, il a contemplé avec complaisance l'image
du péché), qu'il relit le Testament. Il commence à vouloir distinguer — et
je voudrais croire qu'il s'imagine penser ainsi avec le plus parfait « désintéressement »,
mais je n'en suis pas sûr — entre les Évangiles et le commentaire de
saint Paul. Il considère désormais l'Évangile surtout comme une « méthode
pour arriver à la vie bienheureuse », donc comme un simple instrument
de gymnastique pour l'âme, et non plus comme une parole de vérité.
Il y cherche en vain « commandement, menace ou défense ».
(Il me semble cependant qu'on y trouve quelques expressions comme : Hœc
mando vobis... hoc est prœceptum meum... manete... nolite... nolite...).
Insensiblement, il dissout le précepte, il fait fléchir non seulement
la lettre, mais même l'esprit du texte : « Ne suis-je pas
plus près du Christ et ne l'y maintiens-je point elle-même (Gertrude),
lorsque je lui enseigne et la laisse croire que le seul péché est ce
qui attente au bonheur d'autrui, ou compromet notre propre bonheur ? » Ici
encore, c'est moi qui souligne : il n'est pas possible d'aller
plus loin, et déjà notre pasteur, en quelques bonds, a pratiquement
rejoint le Michel de l'Immoraliste. Nous entrevoyons
l'abîme... Et soudain la parole du Christ « si
vous étiez aveugle vous n'auriez point de péché », s'étant dressée
lumineusement devant lui, voici qu'il décide de laisser Gertrude dans
l'ignorance : elle ne connaîtra pas le péché ; elle
ne pourra donc pas pécher ; elle sera donc heureuse, puisque « le
péché, c'est ce qui obscurcit l'âme, c'est ce qui s'oppose à sa joie ».
Mais est-ce bien pour qu'elle soit heureuse — et non pour se ménager ainsi en elle une innocente
complice — qu'il se refuse à lui laisser lire les Épîtres de saint
Paul (1) (et en particulier ceci sans doute : « Lex autem
subintravit ut abundaret delictum... Quid ergo dicemus ? Lex peccatum
est ? Absit. Sed peccatum non cognovi, nisi per leged. Nam concupiscentiam
nesciebam, nisi lex diceret : Non concupices... Sine lege enim
peccatum mortuum erat. Ego autem vivebam sine lege aliquando. Sed cum
venisset mandatum, pecatum revixit. Ego autem mortuus sum. » [Ad.
Romanos, V, 20 ; VII, 7/10] ?) Double crime du pasteur, qui n'est
pas le juste à qui la grâce a manqué, mais l'homme qui n'a pas voulu
correspondre à la grâce : non seulement il a mis sa lampe sous
le boisseau, mais il a encore refusé d'allumer celle de son prochain.
Et ce prochain avait soif de lumière : « Je ne veux pas d'un
pareil bonheur... Je ne tiens pas à être heureuse. Je préfère savoir ». Mais lui-même, le pasteur, à force
de se leurrer volontairement, il ne sait plus... ou du moins il veut
se persuader qu'il ne sait plus. Il en arrive à vouloir faire de Dieu
son complice : « Pour coupable que mon amour paraisse aux
yeux des hommes, oh ! dites-moi qu'aux vôtres il est saint. » Pendant
l'absence de Gertrude, qu'on opère à Lausanne de sa cécité, son amour
s'exaspère : il interroge anxieusement les miroirs, il est touchant
de ridicule... Et voici bientôt l'affreux réveil... Gertrude revient, guérie. Mais
un étrange sourire semble « ruisseler de ses yeux sur son visage
comme des larmes ». C'est qu'immédiatement elle « voit » nettement
son crime, inscrit dans la tristesse du visage d'Amélie. C'est qu'à Lausanne
Jacques lui a lu ces versets de saint Paul dont le pasteur n'avait
pas voulu l'instruire : « Pour moi, étant autrefois sans
loi, je vivais ; mais quand le commandement vint, le péché reprit
vie, et moi je mourus », et qu'elle découvre un autre univers
que celui dont elle a obscurément pris conscience jusqu'alors, du fond
de sa double cécité : « Quand vous m'avez rendu la vue, mes
yeux se sont ouverts sur un monde plus beau que je n'avais rêvé qu'il
pût être ; oui, vraiment, je n'imaginais pas le jour si clair...
Mais non plus je n'imaginais pas si soucieux le front des hommes ».
C'est enfin qu'elle
a senti, quand elle a vu Jacques, que c'était bien lui, et non pas
le pasteur, qu'elle aimait... Or, Jacques se convertit au catholicisme
et entre dans les ordres ! Gertrude se jette dans la rivière ;
elle meurt après avoir tout avoué au pasteur. Jacques, qui arrive sur ces entrefaites,
apprend du même coup à son père sa propre conversion et celle de Gertrude : « Mon
père, il ne sied pas que je vous accuse ; mais c'est l'exemple
de votre erreur qui m'a guidé ». Et le pasteur s'agenouille près
d'Amélie : « Elle a simplement récité Notre Père, mais
en mettant entre les versets de longs silences qu'emplissait notre
imploration. J'aurais voulu pleurer, mais je sentais mon cœur plus
aride que le désert. »
En fermant ce nouveau « récit »...
mais est-ce bien un nouveau récit ? Me pardonnent
les passionnés admirateurs de Gide pour qui un Gide qui se recommencerait
ne serait plus un Gide ; mais il me semble, en achevant La
Symphonie pastorale, que je viens de lire un autre Immoraliste. « Immoralisme et renoncement,
c'est tout André Gide », a dit quelqu'un qui voulait reconnaître
en Michel et Alissa les deux moitiés de Gide. Je m'étais révolté contre
cette prétention de vouloir définir « cette âme si diverse »,
cette âme qui a l'air « de prêter toujours audience à l'avenir », « cette âme
infatigable » (c'est ainsi que la qualifia Jacques Rivière). Comment
pouvait-on emprisonner de la sorte un homme aussi accueillant à l'univers
et à la vie, aussi débordant de possibilités ? Gide ne présentait
pas aux regards que ces deux seules faces : à chaque jour nouveau
il offrait âme vierge et visage neuf !... Je me demande maintenant
si ces visages successifs n'étaient pas simples masques de verre. Car
lorsque je contemple l'une des faces de ce curieux Janus, il me semble, à travers
la transparence de ces masques, reconnaître aujourd'hui des traits
familiers, mais empreints désormais d'une plus profonde inquiétude...
L'immoraliste est toujours là. Mais il a dix-huit années de plus !
Ses yeux se sont chargés d'une certaine gravité, mais ce sont toujours
les yeux du Michel de l’Immoraliste et du Lafcadio des Caves
du Vatican, cet homme qui défenestrait si allègrement son prochain
par la portière des trains... Oui, Michel et le pasteur marchent
tous deux du même pas sur deux routes semblables et parallèles. Aucun
d'eux n'arrive quelque part : le premier réussit bien à se délivrer,
mais c'est pour souffrir de sa liberté sans emploi ; le second
réussit bien à s'ouvrir la porte large, mais si large qu'il l'ait ouverte,
le bonheur et loi n'y peuvent entrer de compagnie. Il semble cependant
que le pasteur se soit avancé plus loin que Michel sur la voie de la
vérité morale : je ne puis indiquer ici jusqu'où..., ce n'est
chez moi qu'une impression : je crois que le pasteur est arrivé plus
près du remords, sinon du repentir. Et quand il s'est agenouillé, dans
l'aridité de son cœur, auprès de la morte, aux côtés d'Amélie, je crois
que si nous avions prêté l'oreille quelques minutes encore, nous n'aurions
pas tardé à entendre un sanglot sec, et peut-être ensuite ces mêmes
lourdes larmes qui tombèrent, il y a quelque trente ans, des yeux d'Adrien
Sixte au chevet du Disciple.
(1)Pour être logique, il eût dû proscrire même la lecture de saint
Jean : « Si non venissem, et locutus fuissem eis, peccatum
non haberent. » (XV, 22)
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