[Anonyme]
[…] Combien je
préfère le Traité du Narcisse ! C'est là une œuvre
de haute compréhension, une sereine prose d'une beauté presque platonicienne.
M. Gide se tient à l'écart, loin du bruit et des interviews. Il se
manifeste de temps à autre par quelque livre d'une esthétique utilité
puis rentre dans sa tour d'ivoire. De cette théorie du symbole, toute
en symboles, je veux surtout retenir une phrase belle et digne : « L'artiste
et l'homme, vraiment homme, qui vit pour quelque chose, doit avoir
d'avance fait le sacrifice de lui-même. » — Aussi profondes mais
peut-être moins poétiques (on a gâté ce mot) sont les Poésies
d'André Walter. La forme est d'un prosateur parfait, elle n'est
pas d'un maître poète. S'y trahit la peur de l'Inconnaissable, moins
que dans Maeterlinck et plus que dans Laforgue. Il est évident que
M. Gide s'est inspiré de ces deux rares esprits; toutefois un caractère
de souffreteuse mélancolie garantit la personnalité de son livre ;
un vers le résumerait :
Nous sommes
des petits enfants dans un bois. […]
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