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Le cahier blanc, le cahier noir,
l’envolée vers la gloire, l’enamourement d'une femme, puis les doutes,
les désespérances, la femme à jamais perdue, et l'enamourement qui
persiste, d'autant plus obsédant ; des pensées fragmentées, des bouts
de description, des lambeaux de théorie, philosophie, esthétique,
technique du style ; des vers sans rimes, des poèmes tronqués,
le besoin implacable et insouvissable d'exprimer, dans la rapidité
de leur succession et la complexité de leur enchevêtrement, les pensées
et les sensations d'un esprit vibrant à tout, raisonneur et maladif ;
la hantise incessante du premier et unique rêve d'amour furieusement
mêlée aux subtilités les plus ténues de la recherche d'art, finalement
la folie montante qui s’épanche en fièvre dans le cerveau et miséricordieusement
tue Walter, — tel est ce livre étrange, décousu à dessein. fait pour
plaire aux artistes et aux lettrés de loisir, et pour ravir les rêveurs
pour qui les mots ont les vertus de l'opium ou du haschisch. Pour
les autres, il restera lettre close, et l'auteur anonyme n’en sera,
j'imagine, ni humilié ni fâché. D’ailleurs, comme le dit quelque part
ce grand et pauvre Walter, « il faut être gai, malgré tout ».
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